une petite nouvelle, une histoire courte

Toi qui passais sans me voir
Je m’appelle Boris Bafouillé. Je suis un homme qui n’a plus d’âge, dés que tu as honte du nombre d’années qui se sont écoulées depuis ta naissance, tu préfères les oublier. Une seule bougie sur le gâteau suffira.
Hier, j’ai fêté mes quatre-vingts ans au fastfood du coin. Une seule bougie sur un pâtisserie d’une part, j’ai soufflé dessus. C’était un mille-feuille.
Mon père les aimait bien, je ne sais plus quand il est mort, c’était, voilà bien longtemps. Cette expression est bien pratique, elle permet d’oublier les omissions de détails. Ils sont avant tout insignifiant.
Une petite fille me tira la langue, les filles sont déjà odieuses à quatre ans. Je mis un peu de ketchup au creux de ma main, je le lançai en direction de la future pimbêche. Si jeune et se donner des grands airs comme c’est malheureux. La sauce tomate immaculait son visage. Elle se mit à hurler.
Elle éclata mon gâteau au sol et le piétina. Le gérant me vida sans ménagement en me traitant de pervers, de pédophile et de mots dont je ne comprenais pas le sens.
En rentrant chez moi, je chantai happy birthday.
J’habite une maison de village. Au bord de la fenêtre, assis sur un fauteuil à bascule que m’avait mon grand-père. Il était forgeron, le dernier de la région. Dans le village, on appelle mon logis celui du forgeron.
Un hurlement déchira la nuit. Ce n’était pas un loup. J’appelle la gendarmerie. Paul un pandore me conseille d’oublier. C’est un brave homme qui corrige sa femme. La maitresse de maison, si on lui donne trop de liberté, elle tend en abuser.
La nuit suivante, le même cri retentit. J’appel de nouveau la gendarmerie, un militaire me somme d’arrêter de les appeler, quand une main rougit le postérieur d’une dame. S’ils devaient se déranger chaque fois qu’un bon père de famille rappelle les règles de conduite de
Pendant une semaine, ce crie le perturbe. Le matin, chez Roger, le bar épicerie du village. En buvant un café, j’en parle à Pierrot, ce dernier l’écoute en buvant un blanc sec. Ce denier en rotant et me crachant une odeur de vinaigre au visage me déclare que c’est le retour de l’Emilie.
Le pierrot, maitre des chats, s’en va. Il s’occupe des chats errants, à la campagne, il y en a beaucoup. Ils se multiplient, les chattes en pondent plus que dieu en voudrait. Le Gaétan en mange en incriminant les Chinois, pourtant, aucun ne vit par ici.
Qui est-ce cette Emilie ? Pourquoi reviendrait-elle ?
─ Voilà, je ne le dis pas, mais le Jule arrive par ici, me souffle Roger, le tenancier.
Jule me rejoint au comptoir.
─ Hé, le Roger sert moi un gros rouge.
Ma montre indique huit heures du matin. Il m’en offre un, je refuse catégoriquement, jamais de rouge avant le midi. Il m’avoue qu’il a faim, hier soir, il s’est endormi sur son canapé en sirotant un bordeaux qu’il a dégotté derrière les fagots. Piteusement, il reconnait avoir voulu voir si c’était Emilie qui était revenue.
─ Qui est Emilie ?
Il me fixe, et il m’apprend c’est la jeune fille disparue depuis soixante ans. J’en ai aucun souvenir. Il continue en me révélant qu’elle habitait la ferme des Tournier avec ses parents.
Aujourd’hui, c’est une ruine. Une personne y vivrait en s’y cachant. Le paysage est lunaire, on me dirait que des sorcières y dansent sous la lune, je n’en saurais pas surpris.
Je lui requiers ce que sont devenus les parents de cette jeune fille. Il me demande si je n’ai pas perdu la mémoire. Tout le monde en parlait, chaque habitant donnait son avis.
Je finis mon café, il réclame de nouveau un rouge en précisant celui qui tache. Il parle tout doucement, car on risque de l’entendre. Inquiet, ses yeux font le tour de la pièce. Roger essaie une table. Emile installé à une table roule une cigarette, ses mains tremblent. Tous les garçons du coin ont retroussé la jupe d’Emilie. Un soir, tout le monde l’a entendu hurler. Personne n’a bougé. On ne l’a plus jamais revu. Un an plus tard sa mère s’est pendue sous la pleine lune à l’arbre du diable. Les cochons ont dévoré son père, il est tombé dans le parc aux porcs. Il s’est cassé une jambe. Les porcs l’ont mangé en ne laissant que les gros os.
─ Pourquoi veux-tu que ce soit elle qui crie la nuit ?
─ Pardi, cela vient de la maison de ses parents. Une jeune fille qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau court nue autour de la maison. J’y suis allé plusieurs de suite sans l’apercevoir. Un loup hurlait à la mort. Il pleuvait, les bois craquait. Un hibou me fixait.
Jule s’en va en toussant. Roger s’approche de moi et il me confie que tout le monde l’a vu nue, mais si tu les interroge tous pas un. Il raconte la même histoire, le silence et la mort de toutes choses aux alentours de la maison.
Je ne me souviens de rien. Je suis certain de n’avoir jamais connu de fille qui s’appelait Emilie.
Le soir, je monte vers la ferme abandonnée, ma lampe torche à la main. Un fusil à l’épaule, et du viagra dans la poche, il peut toujours servir. La nuit règne en maitresse absolu, les animaux vivent, bougent, chantent et crient. C’est la vie, j’en suis toujours émerveillée.
Prés de la ferme, j’aperçois une jeune fille nue courir, je la suis, mais pour moi, c’est dur de courir. Je l’ai perdu de vu. En rêvant vers la ferme, je crois une vieille en robe noire, et un chapeau de paille sur la tête. Elle cherche des trompettes de la mort, elle souhaite en faire une omelette que je puisse y gouter.
Courbée au sol, elle en ramasse, je l’aide, ses doigts sont longs et fins, ses oncles crochus raclent la terre. Elle est ridée, de longs sillons parcourent son visage. Elle m’observe, et me souffle que moi aussi j’ai des rides.
Je ne lui dis pas que c’est moins important pour les hommes que pour les femmes. Elle est une fleur qui fane vite.
Elle se lève, je la suis, elle déclare au vent que la bêtise n’a pas d’âge. J’acquiesce. Mais pourquoi a-t-elle dit cela ?
Autour d’un feu de bois, elle cuit l’omelette aux champignons. L’air est frais et humide, alors que c’est l’été. La femme met un châle sur ses épaules, elle l’a tiré de nulle part. Elle a tendu la main, il est apparu. Il est noir, tout noir, comme un chat noir, comme la nuit, et la peur. Le désespoir est aussi noir.
Ses yeux sont violets, c’est incroyable. Je n’ai jamais de tels yeux. Elle prend ma main, elle me dit que je suis chanceux, car j’ai vécu deux vies.
L’omelette est délicieuse. Elle est folle. Elle me sourit. Je dois me sauver d’ici. Elle désire se montrer rassurante en m’apprenant qu’une des deux vies va s’arrêter. J’acquiesce d’un signe de la tête.
Après cinq minutes de silence, elle désire sans doute se montrer rassurante, elle m’affirme en regardant la lune que je vais détruire la première vie.
─ Pourquoi pas, certains croient que la terre est plate.
─ Croyez-vous sincèrement que des hommes puissent marcher la tête en bas ?
─ C’est clair, que si tu portes un chapeau, il risque de tomber.
Je me lève, un nuage de chauve-souris obscurcit le ciel. La lune disparait. Des corbeaux croassent. Une meute d’une centaine de loups approche. Je réclame à la dame si elle encore un peu d’omelette. Elle me propose de faire griller des pommes des terres. Je la prie d’en faire au plus vitre, car j’ai vraiment faim. Un loup hurle à la mort, elle prend un pichet de vin, et elle le lance dans sa direction.
─ J’aurais besoin d’un diable pour déplacer des cartons !
Je n’ose plus bouger. Cette personne est folle. Des pommes de terre grillent, elle s’excuse de ne pas de lardon, elle me propose de découper des morceaux de verre de terre, elle me confie que cet ajout donne un gout rustique. On est bien de chez nous à la campagne, la biodiversité nous aime à vivre.
Elle rote, je dévore les pommes de terre, je reconnais un gout champêtre, ce plat manque un peu de champignons. Il a une odeur de bien de chez nous.
Un bruit de tic-tac me surprend, je me gratte la tête d’où vient-il ? Je tourne mon regard vers la forêt, j’aperçois une horloge. L’extraordinaire, elle volait dans les airs, quelques corbeaux l’encerclaient, mais ils étaient silencieux.
Un éclair zèbre le ciel, mais je ne t’entends aucun bruit de tonnerre. Il a dû être muet. Un coq chante, mais ce n’est pas l’heure.
Jule et Pierrot m’appellent. Jule tient à la main une bouteille de Beaujolais, Pierrot a un saucisson et du pain sec entre ses doigts. Ce dernier tousse, il accuse les gitanes de sa jeunesse.
Ils me requièrent de les accompagner, ils vont chasser Emilie. A trois, on devrait pouvoir l’attraper et régler son compte une fois pour toute. Jule se saisît d’un chat et l’égorge. Il le jette dans le buisson. Un ours surgit, ils fuient et criant qu’ils ont le diable à leurs trousses.
Benoitement, je m’engage dans la direction de l’horloge, celle du temps qui passe ne se trompe jamais, elle doit détenir la vérité.
De retour au village, je croise mon père, il me regarde et me dit bonjour.
Je suis revenu au temps passé. Qu’est-ce que je dois faire ?
Jule et Pierrot ont vingt, ils me jettent des cailloux. Je m’enfonce dans la forêt.
Assis sur un tronc d’arbre, j’ai du mal à comprendre. Je reviens au village, j’entre dans la maison de l’épicier. Je vole un morceau de pain, un morceau de pâté et du fromage.
Les heures tournent. A quatorze heures, je monte vers la ferme abandonné, la diseuse de bonne aventure doit avoir la solution de retrouver ma vie.
La ferme n’est plus abandonnée, les parents d’Emilie sont de nouveaux là. Sa mère est vers les vaches. Elle rejoint un homme au milieu d’un bosquet, couchés dans l’herbe, ils s’ébattent, moi, je vais voir ailleurs. Ce n’est pas son mari, cela ne me regarde pas. Suis-je dans le passé, ou je me promène au sein de mes rêves ?
Revenu au village, le soir va bientôt tomber, je dois dénicher à manger. Vers l’église, une maison avec une fenêtre ouverte, je l’escalade. Je prends du pain, du pâté et de la saucisse. J’emprunte une couverture.
Après le diner, je m’aperçois que je n’ai qu’un indice Emilie. Elle doit savoir ou être au courant, à la condition qu’elle soit encore vivante.
En arrivant devant sa maison, je la vois avec un homme, il tente de l’entrainer avec lui, elle résiste. Je cours comme je peux. Il s’en va. Je lui demande si elle le connait, elle me dit, c’est un homme qui a garé sa voiture plus-là. Il l’a suivi.
Je la raccompagne à sa porte, elle raconte les événements à sa mère. Son père part avec un fusil à sa recherche. Elle m’invite à entrer.
Assis sur un canapé, je m’endors. Une main me secoue, un gamin haut comme trois pommes m’appele papi. Je lui réponds que je viens de perdre la mémoire mais cela va revenir. Je lui demande s’il s’appelle Joseph, il me dit oui.
Je dois certainement être marié. A la cuisine une femme âgée me sourit, elle à les traits vieillis d’Emilie.
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